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Féminicide Prise de position Yverdon-les-Bains

Lutter efficacement contre les féminicides : Que fait la municipalité ?

Il y a de ça deux semaines, la ville d’Yverdon s’est réveillée endeuillée à la suite de l’annonce d’un incendie déclaré dans une maison ayant fait 4 morts. La population a subi un deuxième choc, d’autant plus violent, à la suite de l’annonce de la découverte des marques de tirs présents sur les victimes ainsi que de l’arme retrouvée près du père. Tout comme notre Conseil l’a montré en se recueillant pendant une minute de silence en début de plenum, la population entière partage le deuil des proches des victimes. Ce n’est pas la première fois que notre ville doit faire face à des féminicides. Car oui, comme ma collègue Mathilde Marendaz a pu le rappeler et l’expliquer, il s’agit bien d’un féminicide, c’est-à-dire un meurtre perpétré par un homme sur une femme ainsi que trois infanticides. Ces actes de violences envers les femmes sont loin d’être de l’ordre du fait divers et sont le résultat du système patriarcal et des inégalités de genre qui pèsent sur la vie des femmes.

Ainsi, selon les chiffres de l’Office fédéral de la statistique, en 2022, sur 25 meurtres enregistrés par la police suisse comme ayant été perpétrés dans le cadre de la sphère domestique, 16 ont eu lieu dans le cadre d’une relation de couple actuelle ou passée, dont 15 femmes et un homme. En 2022, le nombre de personnes victimes de violence domestique s’élève à 11’388[1], chiffre en augmentation par rapport à 2021, dont 70,2% étaient des femmes. Toujours selon l’OFS, une personne meurt toutes les deux semaines des conséquences de la violence domestique. Ces chiffres sont glaçants et parlent d’eux-mêmes. Ils posent la question de quelles mesures sont prises par le pouvoir politique afin de garantir la sécurité, l’intégrité et la vie des femmes et des filles. La Suisse a par ailleurs signé la convention d’Istanbul, l’engageant à lutter frontalement contre les violences faites aux femmes. La municipalité d’Yverdon doit se saisir des questions de protection et de prévention à bras le corps afin de lutter efficacement contre les féminicides.

Dès lors, j’adresse les questions suivantes à la Municipalité :  

  1. Le Service de la sécurité publique de la ville a lancé en novembre passé un nouveau dispositif-pilote pour les victimes et témoins de harcèlement de rue et de violences.
  2. Depuis le lancement du dispositif, combien de signalement ont été déposés via les formulaires en ligne et pour quels types de situations de violence ?
  3. Quelles suites ont été données à ces signalements ?
  1. La question de la création d’une maison d’accueil pour les femmes victimes de violences a régulièrement été portée à l’attention de ce conseil. Les centres d’accueils existants sont trop éloignés d’Yverdon-les-Bains et ils sont régulièrement surchargés. Ce sont des freins importants pour les femmes yverdonnoises qui en auraient besoin.
  2. Est-ce que la Municipalité évalue la possibilité de créer une maison pour les femmes victimes de violences sexistes et sexuelles à Yverdon ?
  3. Si non, pour quelle(s) raison(s) ?
  1. La prévention est centrale afin de mettre fin à ce type de violence. D’une part pour faire en sorte que les hommes et les garçons bénéficient d’une formation sur ces questions et ne reproduisent pas ces comportements de violence dont eux-mêmes peuvent en souffrir aussi, mais aussi afin que les victimes osent demander de l’aide et pour que les personnes témoins et proches de la victime sachent se comporter en cas de violence.
  2. Qu’est-ce que la Municipalité a mis en place en matière de prévention et de formation autour des violences sexistes et sexuelles ?
  3. Est-ce la Municipalité juge ces mesures suffisantes pour lutter efficacement contre les violences faites aux femmes et aux filles ?
  4. Si non, que prévoit la Municipalité afin de répondre à cet enjeux vital pour la moitié de la population ?
  1. Finalement, la police est généralement la première à intervenir dans le cadre de violences faites aux femmes.
  2. Est-ce qu’une formation aux violences sexistes et sexuelles est dispensée aux agent·e·s de la Police du Nord Vaudois ?

[1] https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/criminalite-droit-penal/police/violence-domestique.html